Dire que tout part d’une banale serviette en papier… Celle que Steve Altemus saisit sur la table d’un restaurant de Washington, en ce jour de 2012, alors qu’il est occupé à échanger avec Kam Ghaffarian, un ami ingénieur, au sujet de ses projets professionnels les plus fous.
Le directeur adjoint du siège de la NASA (le Johnson Space Center) se met soudain à griffonner, sur ce support improvisé, les bases de son rêve. Ce dernier verra le jour un an plus tard, lorsque l’ambitieux technicien quittera la prestigieuse agence gouvernementale américaine pour fonder la société Intuitive Machines.
La NASA lui confie alors le développement d’un atterrisseur lunaire baptisé Nova-C. Vocation de cet appareil ? Acheminer de l’équipement sur la surface de la Lune dans le cadre du programme Artemis, qui vise à envoyer en 2026 des astronautes sur le satellite terrestre.
Le véhicule spatial, haut de près de quatre mètres et lourd de près de deux tonnes, est désormais finalisé et dans les startings blocks. Il sera propulsé en cette mi-février par la fusée Falcon 9 de la société Space X.
Au-delà de sa mission première, il fera office d’éclaireur pour préparer le retour des humains sur l’astre gris et surtout, signera le premier alunissage américain depuis la dernière mission Apollo, en 1972 ! Intuitive Machines deviendra, dans le même temps, la toute première entreprise commerciale à catapulter un engin spatial sur la Lune…
Une prouesse que ne réalisera probablement pas Astrobotic Technology, à qui la NASA avait pourtant confié la mission de concevoir, elle aussi, un atterrisseur lunaire, baptisé Peregrine.
Lancé le 8 janvier dernier à destination de la surface lunaire, il transporte des instruments voués à effectuer des mesures scientifiques mais aussi une pièce physique chargée d’un Bitcoin, une capsule contenant les messages de 185 872 enfants du monde entier, ainsi que des échantillons d’ADN ou portions de restes incinérés d’anciens présidents américains et de l’écrivain de science-fiction Arthur C. Clarke.
Problème, l’atterrissage programmé le 23 février prochain n’aura probablement pas lieu, en raison de défaillances techniques, notamment au niveau du système de propulsion. Il y a fort à craindre que l’atterrisseur devienne un débris flottant dans l’espace…
Lancé le 7 septembre dernier, ce petit « snipper lunaire », long de 2,7 mètres et lourd de 730 kilos, est capable de se poser dans une région ciblée avec une marge d’erreur inférieure à 100 mètres.
Il grillera la politesse à Intuitive Machines en atteignant, le 20 janvier, à la surface de la Lune. Dans son ventre ? Un instrument scientifique baptisé MBC (Multi-Band Camera), qui permettra de déterminer la composition des roches alentour en analysant leur spectre d’absorption.
Le Pays du Soleil Levant réalisera par là-même un véritable tour de force, devenant le cinquième pays, après les Etats-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde, à déposer sans fracas un engin à la surface de la Lune…